Une mécanique étrange et pesante se déroule. 

Une histoire simple, d'une inéluctable universalité.

Dans laquelle on ne veut pas savoir ce qui va se passer, mais comment cela va se passer. 

On veut percevoir les absurdités, percevoir la brièveté de la vie. L'étendue incommensurable du temps derrière et devant nous. 

Des personnages dans un lieu hors du monde ont entendu dire que ceux qui vivent au bord de la mer sont plus heureux. Ils sont assis et regardent l'eau noire devant eux en se demandant si c'est une mer. 

Ils se sont habitués aux choses qui les désespèrent. 

Parfois, le soleil se lève brièvement sur l'un de leurs visages.

Les acteurs ne jouent pas, ils sont. Entièrement chez eux. Parce qu'il ne sert à rien de chercher ailleurs dans l'espoir de trouver quelque chose de mieux. 

Merveilleusement perméables, à lire et à comprendre dans le monde entier. 

Un grand film. 

Un film calme. 

Néanmoins plein de bruit qui résonne.

Une histoire qui développe une attraction irrésistible vers le vide de la sortie. 

Une histoire qui se déroule dans un pays qui a oublié où il se trouve, parmi des gens qui boivent du vin lourd et noir, parce qu'ils en buvaient déjà quand on ne savait même pas comment faire du vin en France. 

Des gens qui vivent selon des règles qu'ils ne comprennent plus eux-mêmes. 

Le jury est impressionné par le talent avec lequel la réalisatrice entremêle habilement le son, l'image et la musique, afin d’étirer le temps jusqu’à ses extrêmes limites et nous plonger ainsi dans un état de vibrance. 

Nous sommes touchés par la tendresse et l'évidence avec lesquelles le film aborde les tabous et les brise sans état d’âme. 

Le Prix de Soleure 2022 est attribué à WET SAND d'EleneNaveriani, produit par maximage.